Henri RAPIN (1873-1939)

Le Mont Saint-Odile

Travail préparatoire à un décor de l’Exposition Universelle de 1925 

80 x 170 cm. 

 

HENRI RAPIN: PEINTRE, ARCHITECTE, DÉCORATEUR ET EBENISTE

Rémois, fils d’un artiste peintre, Henri Rapin étudia à l’école des Beaux-Arts, notamment dans l’atelier de Gérôme, avant d’embrasser une carrière de peintre, décorateur et illustrateur.

Egalement élève d’Eugène Grasset, il fréquente Henri Bellery-Desfontaine et s’oriente vers la conception de mobilier et de décors intérieurs.

De 1905 à 1930, il est le directeur artistique du malletier Moynat, maison fondée en 1849, pour laquelle il illustre les catalogues, conçoit une identité visuelle et dessine quelques objets.

Fortement impliqué dans le renouveau des arts appliqués qui caractérise sa génération, il est, de 1918 à 1928, directeur artistique de l’école du Comité des dames de l’Union centrale des arts décoratifs. A ce titre il fut le premier professeur de Charlotte Perriand.

Il devient également conseiller artistique à la Manufacture nationale de Sèvres et laisse d’ailleurs son nom à un vase : le Rapin 21. C’est dans la mouvance Art déco qu’Henri Rapin s’épanouit dans les années 1920-1930.

Et si le prince japonais Yasuhiko Asaka lui confie la décoration de sa résidence privée à Tokyo, c’est grâce à l’Exposition Universelle de 1925 où ses oeuvres novatrices firent sensation. Achevée en 1933, la demeure princière est  devenue le Teien Art Museum.

 

UNE REDÉCOUVERTE IMPORTANTE

En effet Rapin est passé à la postérité pour sa contribution à l’Exposition de 1925. L’Etat lui commande la salle à manger de l’ambassade française mise en œuvre par la Société des Artistes Décorateurs. Les visiteurs admirent aussi son jardin composé pour la Manufacture de Sèvres.

Un autre décor, aujourd’hui disparu, a permis a certainement permis à Rapin d’assoir sa réputation. Notre triptyque en est le dernier témoignage. En effet, les quatre régions viticoles françaises étaient représentées en 1925 par des tours, décorées par des artistes locaux.

Ainsi la tour de Bordeaux était décorée d’une immense oeuvre de Dupas conservée, avec un dessin préparatoire récemment réapparu sur le marché, au Musée d’Aquitaine. La tour de Champagne-Alsace devait également recevoir ces grandes fresques de 8 mètres de long.

Le catalogue de l’exposition de l’Union Champenoise des Arts Décoratifs de  1927 qui a lieu à Epernay fait mention d’un « triptyque Alsace ; maquette des panneaux tours de Champagne ».

Cette oeuvre est indûment donnée par le catalogue à Jacques Rapin, frère d’Henri, parce qu’Henri ne faisait pas partie de l’URAD et n’avait pas le droit d’exposer. Elle figure sur ce même catalogue sous le numéro 152, numéro que l’on retrouve inscrit au crayon au revers de notre cadre.

Il est certain que Rapin, qui signe notre triptyque en lettres d’or, a également conçu et réalisé le superbe cadre qui l’enchasse.

L’artiste donne avec ce paysage synthétique une magnifique confirmation que l’art, pour reprendre les propos de l’humaniste de la Renaissance Alberti, est « une fenêtre ouverte sur le monde ».

La symbolique de l’arbre, vivant à l’extrémité gauche, et mort à celle de droite, confirme la volonté de l’artiste de dépasser la simple portée décorative et de donner à notre oeuvre la force d’une grande oeuvre.

ACQUIS PAR LE MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG