Alexandre SÉGÉ (1834-1866)
Le Mont-Saint-Michel
Huile sur toile
51 x 76,5 cm.
5
« [C’est] à coup sûr un des plus grands paysagistes de notre époque … la nature est pour lui l’objet d’un culte sincère et pieux ; il éprouve une émotion véritable quand il prend ses pinceaux pour la peindre… ».
Ces mots de Louis Henaut, publiés dans Paris Salon en 1882, traduisent bien l’admiration des critiques et du public pour Ségé. Arsène Houssaye dans L’Artiste soulignait en 1877 le talent du peintre. Tentant d’en définir la nature il affirmait : « [Il] ne se trompe jamais sur la gamme des ciels, des eaux, des arbres et des herbes. Il en pénètre l’harmonie intime »
En posant son chevalet dans les prés salés de la baie du Mont-Saint-Michel, Alexandre Ségé confirme ces propos. C’est une terre qu’il connait bien, puisqu’il découvre la Bretagne voisine dès ses vingt ans. Il séjourne longuement sur la cote d’Emeraude, à quelques kilomètres du Mont.
Comme pour ses tableaux beaucerons, Ségé fait surgir au fond d’une vaste étendue la silhouette caractéristique du pays. A Chartres, c’était les deux flèches de la cathédrale que l’on voyait émerger au dessus des labours. Ici, c’est l’abbaye médiévale qui ponctue la composition.
Coupant court au débat qui oppose impressionnisme et académismes, Ségé offre une nouvelle forme de paysage que l’on pourrait qualifier ici de synthétique. Encore pittoresque, mais déjà attaché aux effets d’une lumière fragmentée, Alexandre Ségé fait figure d’avant garde.
Le Mont-Saint-Michel bénéficie durant la seconde moitié du XIXème siècle d’un considérable regain d’intérêt. Classé monument historique en 1862, l’abbaye est coiffé d’une flèche en 1889. Cette flèche, naturellement invisible sur notre tableau, est elle même sommée de l’archange de Fremiet en 1897. L’endroit est aujourd’hui le plus visité en France en dehors de l’Ile-de-France.
5500 €