Emile-René Ménard (1862-1930)

Bucolique

Vers 1900-1910

Pastel sur toile ; cadre et montage d’origine
55 x 40 cm.

Exposition : René Ménard, Exposition à la Galerie Georges Petit, 16 juin – 25 juillet 1914, numéro 109

 

Émile-René Ménard naît dans une famille de fins connaisseurs et d’esthètes. Son père, René Ménard, est directeur de « la Gazette des Beaux-Arts » et compte Corot et Millet pour amis. Au contact des peintres de Barbizon, son fils découvre la peinture, privilégiant comme ses maîtres la peinture de plein-air et sur le motif. Émile-René perfectionne sa technique auprès des très académiques Baudry et Bouguereau, puis intègre l’Académie Julian.

Membre du groupe de « La Bande Noire », Ménard reste marqué par sa participation au Salon de la Sécession à Munich. Les Expositions Universelles, le Salon des Douze avec Henri Martin en 1921, le Salon à Paris, les accrochages à Madrid avec Rodin, à Venise, Buffalo ou Boston confirment son talent et son succès. Nommé officier de la Légion d’honneur, l’État français couronne sa carrière par la commande de cycles de fresques pour la faculté de Droit de la Sorbonne et pour l’Institut de chimie. Aujourd’hui présenté dans tous les musées d’Art Moderne les plus importants, les oeuvres de Ménard sont bien entendues visibles au musée d’Orsay qui conserve seize huiles sur toile de l’artiste.

C’est toutefois avec la singulière technique du pastel sur toile que l’art d’Emile-René Ménard trouve son meilleur moyen d’expression. La pulvérulence du médium et la souplesse du support traduisent au mieux l’atmosphère apaisée et la grandeur immobile de ses paysages.

L’oeuvre que nous présentons redit les influence de Puvis de Chavannes et du symbolisme sur un Ménard, qui, soucieux de trouver sa propre voie, est resté sourd aux sirènes de l’impressionnisme et des avant-garde. Notre pastel s’inscrit davantage dans ce mouvement de l’Antiquité retrouvée qui séduit quelques artistes de grand talent à l’aube du XXème siècle ; dernier néoclassicisme dont Maillol et Bourdelle furent en sculpture les grands représentants.

Lecteur assidu des Anciens et notamment de Virgile, Ménard découvre grâce à Leconte de Lisle les Idylles de Théocrite. Le thème de notre tableau est à rapprocher de cette littérature bucolique. Le titre de notre oeuvre, choisi par l’artiste, suffirait à en témoigner.  Notre tableau est une illustration parfaite des quelques mots de Victor Soulier qui en 1894 dans L’Art et la Vie admirait de Ménard « les visions d’une nature pacifiée, baignée d’aube et de crépuscule, où l’âme semble se retremper dans la candeur des aurores ».

3000 €