Lefteris KANAKAKIS (1866-1946)
Nature morte à la tasse de café
Huile sur toile
24 x 32 cm.
Signé et daté novembre 1974 en bas à droite
Lefteris Kanakakis est né à Réthymnon en 1934. En 1954, il entre à l’École des Beaux-Arts d’Athènes grâce à une bourse. Il séjourne pour la première fois à Paris en 1960 et 1961. Plus tard, il s’inscrit à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Maurice Brianchon (1963-1966). En 1968, il devient assistant dans la classe préparatoire de l’École des Beaux-Arts d’Athènes, poste qu’il quitte en 1978.
Il participe à de nombreuses expositions parmi lesquelles on compte la Sixième Biennale de Paris en 1969, et plusieurs expositions partout en Europe et à la Galerie Nationale d’Athènes.
Il a rédigé « La technique de l’huile », un manuel destiné aux étudiants de l’École des Beaux-Arts d’Athènes, une étude unique dans la bibliographie grecque.
Il est décédé le 2 janvier 1985, à une période particulièrement créative de sa vie. Un an après sa mort (1986), la Galerie Nationale d’Athènes organise une grande exposition rétrospective de son œuvre.
« La peinture de Lefteris Kanakakis a toujours été figurative. Personne connaissant son parcours ne pourrait penser qu’il s’était simplement rallié à la tendance du retour à la figuration qui déferla sur l’Europe et l’Amérique à la même époque.
Kanakakis ne partageait d’ailleurs pas l’une des caractéristiques dominantes du réalisme européen ou du surréalisme américain, à savoir leur dépendance aux moyens mécaniques de reproduction de l’image. L’artiste restait fidèle à la vision, ce sens que Platon considérait comme le plus noble, et que Léonard de Vinci glorifia. Il restait aussi fidèle aux techniques traditionnelles. Son médium de prédilection était la peinture à l’huile — comme en témoigne son œuvre, ainsi qu’un essai approfondi qu’il lui a consacré.
Un monde silencieux, peuplé d’objets rares, rigoureusement choisis : c’est ce que propose la nature morte de Kanakakis. Une simple table rectangulaire avec un objet unique. Une chaise viennoise aux lignes courbes. Des formes simples, géométriques.
Forme, couleur, texture : tels sont les moyens d’accès à cet univers fermé. La mise en page est simple, parfois d’une frontalité archaïque rappelant les bodegones espagnols du XVIIe siècle.
L’espace est défini par les objets eux-mêmes. La surface de la toile est inviolable. Pas d’illusions d’optique. Tout est tangible. Les propriétés tactiles sont soulignées par un modelé fin des tons, qui évite les extrêmes (noir et blanc). La solitude des objets, leur disposition, leur angle de vue leur confèrent solidité, puissance et âme. Kanakakis choisit des objets porteurs d’histoire — la leur et celle d’un lien d’amour avec le peintre. De simples récipients en terre, empreints de la chaleur de la main qui les a façonnés. Objets anciens, patinés par le temps, sanctifiés par l’usage.
Simples objets — pot, cruche — qui deviennent parfois monumentaux. Avec le temps, les habitants de ce monde se multiplient. Le peintre dirige une conversation plastique plus complexe, plus mûre. La forme géométrique, la table, un miroir ovale dialoguent avec un tissu de soie rayé, apparemment jeté négligemment sur une chaise. Mais le peintre ne trompe personne : tout est calculé.
Les motifs, le rythme, les textures : du brillant au pelucheux. Les couleurs vives, irisées, sont en attraction magnétique, en migration constante. Elles passent imperceptiblement d’un plan à l’autre. Une alchimie, une osmose secrète s’opèrent, avec la lumière pour catalyseur. Une lumière tissée à la couleur, qui régule l’espace, en réconcilie les objets. C’est une lumière sensible, tonale, lyrique, qui favorise les formes pures, platoniciennes, porteuses d’éternité. »
Marina Lambraki-Plaka
THE OTHER TIME AND THE PAINTING OF LEFTERIS KANAKAKIS
PRIX : 2200 €